La linguistique à la croisée des disciplines : quelle place pour l’interdisciplinarité ?

L’équipe interuniversitaire LangaJE[1]organise une journée d’étude à destination des jeunes chercheur·e·s[2] en linguistique, traductologie et didactique des langues sur le thème de l’interdisciplinarité. Cette journée d’étude se tiendra le vendredi 13 octobre 2023 à Lyon (France). L’évènement sera ouvert par une conférence plénière dont l’invité·e sera prochainement annoncé·e sur le site.

La première édition de cette journée d’étude (18 novembre 2022), consacrée à la valorisation des données de la recherche hors de l’université, a souligné l’importance des apports extérieurs (industrie, autres disciplines…). Les échanges à l’issue des présentations ont naturellement soulevé la question de l’interdisciplinarité[3].

Le terme interdisciplinarité désigne souvent des approches transversales qui impliquent plusieurs disciplines. Selon le champ d’interaction de ces disciplines, on pourra parler de pluridisciplinarité (utilisation de méthodes/outils d’autres champs disciplinaires pour un sujet de recherche propre), d’interdisciplinarité (interaction de plusieurs disciplines sur un sujet de recherche commun) et de transdisciplinarité (dépassement, dans une perspective globale, des disciplines qui peut donner lieu à l’apparition de nouveaux paradigmes ou disciplines) (HCERES 2019 : 3).

La nature complexe des sciences humaines et sociales exige une pensée dialogique des liens établis entre les nombreuses disciplines qu’elles prennent comme objets d’étude (Darbellay 2011 : 66). Si le concept n’est pas récent[4] et si le terme interdisciplinarité est généralement employé dans un sens positif (Li Vigni 2021 : 131), ils souffrent encore de lacunes sur les plans théoriques et méthodologiques.

1. Le « réflexe » de l’interdisciplinarité comme partie intégrante de la philosophie actuelle des sciences, en traitant des questions relatives à la nécessité du recours à différentes disciplines pour l’interprétation des résultats d’un même objet d’étude (Charaudeau 2010), aux innovations apportées par les outils d’autres disciplines (Vigni 2021), à la fusion de différentes approches scientifiques pour en créer une nouvelle, ou encore à la critique du caractère « touche-à-tout » des démarches interdisciplinaires.

2. Des questions d’ordre méthodologique (montage d’un projet interdisciplinaire ; méthodologies propres aux SHS utilisées par d’autres disciplines ; conception d’un objet de recherche interdisciplinaire en SHS ; outils d’analyse transversaux et méthodes de travail terminographiques dans les projets interdisciplinaires [Cabré 1991] ; etc.) ou théorique (théories de l’interdisciplinarité ; limites ; existence de savoirs proprement interdisciplinaires ; ou encore l’interdisciplinarité comme « amalgame de pratiques et de notions hétérogènes issues des disciplines » [Bagaoui & Beaulieu 2011 : 14]).

Les communications doivent au minimum concerner une discipline en lien avec la linguistique, la traductologie ou la didactique des langues. Les présentations pourront se faire seul·e (chercheur·e travaillant dans différentes disciplines) ou collectivement (chercheur·e·s issu·e·s de différentes disciplines).

Modalités de soumission des propositions de communication :

Les propositions de communication devront être rédigées en Times New Roman, interligne simple, taille 12, faire 1 page maximum (bibliographie sélective comprise) et comporter 5 mots-clés. Les propositions devront être anonymisées avant envoi. Nous encourageons les participant·e·s à présenter leur communication en français (format 20 minutes). Les communications en anglais seront considérées.

La soumission des propositions se fait directement sur le site LangaJE 2023 (https://langaje2023.sciencesconf.org) au format Word et au plus tard le mercredi 10 mai 2023.

Lors de la journée d’étude, les intervenant·e·s seront invité·e·s à participer au volet vulgarisation selon des modalités qui seront précisées ultérieurement.

Dates clés :

• Mercredi 10 mai 2023 : date limite de soumission des propositions
• Fin juin / début juillet 2023 : notification de l’acceptation par le comité scientifique
• Vendredi 13 octobre 2023 : journée d’étude
  

Comité d'organisation  :

Christophe Coupé (CEL), Caroline Crépin (CEL), Cécile Cuchet (CeRLA), Catline Dzelebdzic (CeRLA), Aurélie Héois (CEL), Ahmed Mahdi (CeRLA), Melissa Martin-Kemel (CEL), Lucky Nte (CeRLA), Marie-Alice Rebours (CeRLA), Lisa Stepanian (CeRLA), Olga Tarabanova (CEL), Iuliia Troitskaia (CEL), Amandine Vattaire (CEL).

Bibliographie sélective :

BACHIMONT, B. (2020). « L’interdisciplinarité comme pratique disciplinaire », in Faire dialoguer les disciplines via l’indexation des connaissances : la recherche interdisciplinaire en débats, Revue intelligibilité du numérique, n° 1, http://intelligibilite-numerique.numerev.com/index.php/numeros/n-1-2020/4-l-interdisciplinarite-comme-pratique-disciplinaire (date de consultation : février 2023).

BAGAOUI, R. & BEAULIEU, A. (2011). « Y a-t-il une théorie en interdisciplinarité ? Avant-propos », in Nouvelles perspectives en sciences sociales, vol. 7, n° 1, pp. 13–14, DOI : https://doi.org/10.7202/1007079ar

BOURDON, J. (2011), « L’interdisciplinarité n’existe pas », in Questions de communication, vol. 19, pp. 155–170.

CABRÉ, T. (1991), « Terminologie ou terminologies ? Spécialité linguistique ou domaine interdisciplinaire ? », in Meta, vol. 36, nº1, pp. 55.63.

CHARAUDEAU, P. (2010). « Pour une interdisciplinarité “focalisée” dans les sciences humaines et sociales », in Questions de communication, vol. 17, pp. 195–222, DOI :https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.385

DARBELLAY, F. (2011). « Vers une théorie de l’interdisciplinarité ? Entre unité et diversité », in Nouvelles perspectives en sciences sociales, vol. 7, n° 1, pp. 65–87. DOI :https://doi.org/10.4000/transatlantica.7393`

GARCIA A., GENTILEZZA, L., GRUÉ, M. et SANDERS, H. (2015). « Colloque international “De l’interdisciplinarité à la transdisciplinarité ? Nouveaux enjeux, nouveaux objets de la recherche en littérature et sciences humaines” », Transatlantica [En ligne], vol. 1,http://journals.openedition.org/transatlantica/7393 (date de consultation : février 2023).

Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES) (2019). « Référentiel d’évaluation des unités de recherche interdisciplinaires », https://www.hceres.fr/sites/default/files/media/downloads/Referentiel_URinter_%20Vague%20B_RECH%20UR_12nov.pdf (date de consultation : février 2023).

KLEINPETER, É. (2013). « Taxinomie critique de l’interdisciplinarité », in Hermès, La Revue, vol. 3, n° 67, pp. 123-129, DOI : 10.4267/2042/51898, https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2013-3-page-123.htm (date de consultation: février 2023).

LÉVI-STRAUSS, C. (1962), La pensée sauvage, Paris : Plon.

 LI VIGNI F. (2021), « Cinq types de travail scientifique « interdisciplinaire » », in Natures Sciences Sociétés, vol. 29, nº 2, pp. 130-140.

[4] Début XX^ème, George H. Mead conjuguait déjà psychologie, sociologie et philosophie, tandis que Claude Lévi-Strauss croisait linguistique et anthropologie dans les années 1960.